Ariel Bluebell

Aux alentours d'un manoir, à l'est d'une ville sans nom, se fait entendre une douce mélodie...

Ariel est déjà allée voir un bon nombre de médecins, mais aucun n'a jamais réussi à trouver le pourquoi du comment elle est née sans voix. Aujourd'hui encore, elle a passé au moins trois bonnes heures dans une salle froide à se faire examiner de tous les côtés. Sa mère était désespérée, la fille d'une grande diva comme elle, pourquoi est-elle muette ? Pas un son, rien ne sort de sa bouche. Cela aurait été tellement beau si, en ce moment même, elle se mettait crier, à hurler son malheur. Mais cela lui est impossible. La jeune fille ne peut que se contenter de larmes et de tristesse.

Le rythme s'accélère et un fond de colère se fait ressentir...

Ce n'est pas parce-qu'elle ne pouvait pas chanter qu'Ariel devait pour autant abandonner la musique. En effet, sa mère l'obligea à apprendre le violon. Il fallait bien qu'elle puisse prendre la relève de la famille, après tout, si la passion de la musique se transmet de mère en fille, ce n'est pas pour qu'une idiote incapable d'émettre un son arrive et chamboule toute ces vies de musiciens ! Donc elle bien intérêt à se rattraper et à devenir violoniste, la demoiselle ! Quoi ? Elle déteste la musique ? Mais non voyons, ce ne sont que les propos rebelles d'une jeune adolescente !

Le rythme va de plus en plus vite, on dirait que le violon s'est transformé en défouloir...

"Comment ça, elle n'a aucun avenir ? Vous ne l'avez entendue jouer du violon à ce que je vois ! On reconnaît bien là le talent de sa mère !" Ces paroles... Ariel les entendait tout le temps, mais elle était incapable d'y croire, comme tout le monde, en fait. Madame n'est qu'une hypocrite, elle ne vante les mérites de sa fille que parce-qu'elle n'a rien d'autre susceptible de lui apporter de la gloire, à part sa carrière, bien sûr. Enfin bon, du moment que sa vie la satisfait... Ah ? Parce-qu'Ariel est satisfaite? Comment cette idée a-t-elle bien pu traverser votre esprit ? Ôtez-vous la tout de suite de la tête ! Ce n'est qu'un mensonge !

La musique s'arrête, on ne distingue plus aucun son.

Ariel pleurait. Ça avait beau lui arriver souvent, c'était toujours aussi désagréable. En même temps, qui, en ce monde, pourrait prétendre aimer la tristesse ? Être rejeté, seul, différent, qui peut apprécier ça ? Même les rêves ont besoin d'être reconnus pour exister, donc les humains encore plus...

Un bruit se fait entendre, la violoniste aurait-elle lâché son instrument ?

La jeune fille était tétanisée, une personne à oreilles de lapin venaitt de se matérialiser devant elle, comme par magie ! Ariel essayait d'appeler à l'aide, mais, malheureusement, aucun son n'arriva à sortir de sa bouche.

L'inconnue sourit bizarrement puis tend la main à Ariel qui est en totale panique.

" N'ai pas peur, je suis juste là pour t'aider... Tu as toujours rêvé de chanter, n'est-ce pas? "

L'adolescente se raidit. Comment sa mystérieuse interlocutrice était au courant de l'envie qu'elle nourrissait, chaque jour un petit plus ? Est-il raisonnable de lui faire confiance ? Et puis... Comment comptait-elle l'aider ? Tant de questions se déversèrent dans la tête d'Ariel, mais celle qui devait dominer était plutôt "Quand vais-je avoir des réponses ?"

" Tu te demandes pourquoi je suis là, n'est-ce pas ? Viens avec moi, dans mon monde, tu auras une voix magnifique, une voix que tout le monde envie. Allez, viens ! "

Ariel saisi son violon et attrapa la main de la lapine. Elle tremblait de tous ses membres et n'avait pas confiance du tout en l'inconnue mais, comme une imbécile elle l'avait suivie. Pourquoi ? Peut-être tout simplement qu'elle était guidée par l'espoir d'avoir une vie meilleure...

La jeune fille se réveilla, et, sous le coup de l'étonnement dû au changement soudain de paysage, poussa un petit cri... Un cri ! Elle avait poussé un cri ! Elle avait une voix ! L'inconnue ne lui avait pas menti ! Un miracle ! C'était un miracle ! Après tant d'années passées à espérer, Ariel avait enfin une voix !

L'enfant se mit à pleurer, encore une fois, mais à la seule différence que là, c'était des larmes de joie qui coulaient... Quelque chose de tout nouveau pour cette brave fille...